Le 8 janvier à Téhéran, une décision retentissante a secoué la gestion de la crise sanitaire en Iran. L’ayatollah Ali Khamenei, leader suprême du pays, a tranché : les vaccins contre le coronavirus issus du Royaume-Uni et des États-Unis n’entreront pas sur le sol iranien. L’annonce, loin d’être anodine, s’est faite lors d’une allocution télévisée, où le chef d’État a justifié cette interdiction en pointant du doigt la situation sanitaire jugée catastrophique dans ces deux pays occidentaux.
Ali Khamenei n’a pas mâché ses mots : « L’importation de vaccins britanniques et américains est interdite. Si les Américains avaient réussi à créer un vaccin, leur gestion du coronavirus ne serait pas aussi déplorable. » L’ayatollah a également ciblé le Royaume-Uni, citant le taux de mortalité élevé attribué au Covid-19 et mettant en doute la fiabilité des solutions proposées par Londres.
Le scepticisme du guide iranien ne s’arrête pas là. Il a exprimé ses réserves à l’égard des traitements pharmaceutiques venus de France, estimant qu’aucune confiance ne pouvait être accordée à ces grandes puissances. Selon lui, certains pays occidentaux chercheraient même à tester leurs vaccins sur d’autres populations, jouant ainsi la prudence sur leur propre sol.
Malgré cette méfiance affichée, Khamenei a précisé qu’un vaccin développé ailleurs, jugé fiable, pourrait être importé sans objection majeure. Derrière cette position, une volonté claire : privilégier l’indépendance sanitaire et affirmer la souveraineté scientifique de l’Iran.
Face à l’urgence épidémique, l’Iran mise donc sur ses propres forces. Le pays s’est lancé dans la course aux vaccins et multiplie les annonces sur ses avancées. Selon le ministère iranien de la Santé, le développement de plusieurs vaccins locaux est en bonne voie. L’objectif affiché : obtenir une première solution nationale dès le printemps. D’autres formulations, au nombre de deux ou trois, devraient suivre avant l’été.
Le vaccin CoViran Barekat, conçu sur place, a déjà été injecté à des volontaires, marquant une étape dans cette quête d’autonomie. Cette stratégie s’accompagne néanmoins d’une ouverture ponctuelle à d’autres partenaires. Le gouvernement a ainsi engagé des discussions pour acquérir le vaccin russe Spoutnik et envisage également l’achat de doses chinoises, selon les communiqués du ministère.
Entre défiance envers l’Occident et affirmation d’une capacité locale à répondre à la pandémie, l’Iran trace sa propre voie. Dans un contexte de tensions internationales et de crise sanitaire persistante, la politique vaccinale du pays révèle autant une posture diplomatique qu’un pari scientifique. Reste à savoir si ce choix portera ses fruits ou s’il isolera encore davantage une population déjà éprouvée.

